LA RENCONTRE

Sur le trajet, j'appréhendais la rencontre. J'avais en tête la beauté et la qualité de leurs maquillages, et je ne pouvais m'empêcher de les comparer aux miens, qui étaient bien médiocres à l'époque. Je tentais de me rassurer à grands coups de " Si il t'a invité.. c'est que tu n'es pas si merdique que ça ... " et petit à petit, sans m'en rendre compte, je penchais du "côté obscur de la force". J'étais déjà bien loin du "délire" que j'avais initialement, mais je n'en avais pas encore conscience. Arrivés à l'hôtel, j'abandonnai mon amie Christelle, pour m'empresser dans la salle de bain à parfaire mon maquillage. Je savais qu'il ne serait en rien comparable au leur, mais j'espérais leur clémence... "Après tout, ils savent que tu es novice... ". Minuit sonnait et nous arrivions devant La Scène Bastille. A l'entrée, j'étais fier de dire que j'étais invité par Texia. Il ne nous restait plus qu'à attendre. Je suis allé aux toilettes vérifier une ultime fois mon maquillage, recoiffer ma perruque. Puis nous sommes retournés sur la piste.  Nous nous sommes avancés jusqu'au podium principal et sur le côté, une porte s'est ouverte. C'était comme dans les films : dans l'obscurité de la salle, je ne voyais que l'encadrement de la porte et la lumière brillante dessinait une silhouette noire. C'était Bettie. Et là, dans ma tête, c'était le bordel. En une seconde, je me suis dit "Elle est majestueuse! Tellement belle! Comme sur les photos!!" et alors qu'elle se dirigeait vers moi, je perdais mes moyens "Elle va te démonter ! Elle va se foutre de ta gueule ! Mais qu'est-ce que tu fous là !??". Et là,  "elle" s'avance vers moi, me sourit, et me fait la bise. J'étais sur le cul. Agréablement surpris. Derrière lui, il y avait son compagnon dans la vie, lui aussi s'était déguisé pour l'occasion. Texia fermait la marche. 

En y repensant, je devais être ridicule. Je demandais des photos comme une touriste sortie de sa campagne et je ne cessais de les regarder. Ils se sont tous gentiment prêter au jeu. Toutes mes appréhensions s'étaient envolées. On trinquait autour d'un verre comme si nous étions amis de longue date, Texia ne cessait de plaisanter et nous étions réunis dans le carré VIP à parler de tout et de rien. Mon amie Christelle était souffrante, et elle préféra rentrer à l'hôtel. Et même si j'aurais voulu que la soirée ne s'arrête jamais, j'ai regagné ma chambre d'hôtel, des étoiles plein les yeux !