Le + BEAU JOUR de ma vie... de drag queen !

Témoin de ce qui s'était passé à ce fameux concours, Texia m'a proposé de l'accompagner pour animer la soirée du nouvel an, à Paris. J'étais excité à l'idée de toucher mon premier salaire, en tant que "La Bizou Drag Queen". Dans un premier temps, je devais oublier mon Facebook privé, au profit d'un "compte pro", pour officialiser la chose et pouvoir m'identifier sur les photos et les événements. J'ai donc créer, ce soir là, ce qui allait devenir mon principal outil de communication avec les futurs organisateurs de soirées et toutes les personnes que j'allais être amené à rencontrer. Au programme de cette soirée, nous devions nous rendre à deux endroits distincts, où nous donnerions un spectacle différent. J'avais du pain sur la planche, et je n'ai pas perdu une minute pour mettre sur pied des numéros et confectionner mes costumes.  Le 31 décembre, au matin, nous prenions la route avec mon ami Florent, pour nous rendre à la capitale. Texia nous attendait à midi pour avoir le temps d'ajuster quelques détails et surtout élaborer une chorégraphie synchronisée pour le numéro final. Et au coucher du soleil, nous nous dirigions vers le premier restaurant. A notre arrivée, Texia ne manquait pas de me rappeler que j'étais un peu gauche avec la clientèle. Discrètement, quand je m'adressais à un client, "elle" passait derrière moi, me pinçait la hanche et me glissait à l'oreille "... mais parles donc comme une FEMME !". J'avais toujours gardé ma "voix d'homme" et jusque là, ça n'avait jamais été un problème. Je ne voulais pas mimer une femme jusqu'à déguiser ma voix, mais les choses étaient différentes désormais : on me payait donc on attendait une prestation, dite de qualité. J'étais intimidé à l'idée d'interpréter mes numéros devant un public que je ne connaissais pas, mais rapidement, je m'aperçu qu'ils étaient plus attentifs à ce contenaient leurs assiettes que notre performance. Vers 22H30, le patron venait dans les loges nous féliciter et nous remettre notre cachet. Nous n'avions pas un instant à perdre, le timing était très serré. Et c'est à pied que nous nous sommes rendu au second établissement. Cet instant, bien qu'il puisse paraître bénin pour certains, restera à jamais gravé dans ma mémoire. Je me rappelle avoir remonter la rue de Rivoli, le soir de la Saint Sylvestre, avec une perruque coiffée comme une barbapapa bleue sur la tête. Nous nous pressions et les talons claquaient sur le trottoir. Les gens dans la rue étaient euphoriques, on pouvait les entendre applaudir ou rire de notre démarche. En parfait touriste, j'ai tourné mon regard un bref instant et j'ai même pu admirer la majestueuse pyramide du Louvre. J'avais eu à peine le temps d'en profiter que nous arrivions déjà. On nous accueillait par des applaudissements. Je voyais même certaines personnes au fond de la salle afficher un sourire chaleureux et rassurant. Cette seconde partie de soirée fut tout simplement parfaite. Après cet accueil triomphal, les clients étaient tous réceptifs à notre humour, ils n'hésitaient pas à quitter leur chaise pour danser avec nous ou lever les yeux de leurs assiettes pour rire aux éclats. Nous enchainions notre spectacle dans cette bonne humeur avant de nous enlacer et se souhaiter une bonne année, aux douze coups de minuit. C'est à ce jour, la plus belle soirée de nouvel an que j'ai passé, et j'en remercie encore Texia, de m'avoir permis de partager ça avec lui. Et ça ne faisait que commencer ...

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