A mesure que les jours passaient, la rumeur se répandait comme une trainée de poudre... J'étais devenu la méchante Bizou qui avait brisé le groupe des Diveens. Le ridicule était poussé jusqu'à me surnommer "celle dont on ne parle pas" sur les réseaux sociaux. Et alors que je déplorais cette situation grotesque, je recevais un message de Rebecca pour préparer mon prochain passage au concours. Clairement, je ne voulais pas y aller. J'ai donc consulté Bettie et Texia pour avoir leur avis. En quelques mots, ils m'ont expliqué que mon absence donnerait raison à ceux qui me blâmaient et qu'il serait inconcevable de ne pas y aller. Pour m'appuyer jusqu'au bout, Texia m'a garanti qu'il serait présent le soir du concours pour me soutenir. J'étais surpris. Moi, qui était resté sur la soirée "Diner de cons" à Paris, je me retrouvais épaulé par ceux qu'on m'avait juré "mauvaises". Les rôles s'inversaient. Ainsi remotivé par mes nouveaux amis, je me conditionnais et répétais mon numéro, pour être à la hauteur cette fois ci. Comme convenu, Yohan est arrivé le soir du concours et après le diner, il se glissait sous les traits de Texia, et nous prenions ensemble la route de Metz, avec Chouchou. L'ambiance était pesante. Certaines personnes ne cachaient même pas leur surprise quand ils nous ont vu débarqué. Et qui plus est, accompagné de Texia, j'étais au centre de toutes les conversations "... mais qu'est-ce qu'elle fout encore là?". C'est dans ces moments là, qu'on réalise que le milieu gay est très similaire à une cours d'école, à la fois immature et cruel. Je n'avais pas eu le temps d'écouter les commérages de couloir, que Texia frappait à la porte des loges pour saluer Rebecca. Ils s'étaient rencontrés quelques années auparavant sur le plateau du "Maillon Faible", à l'occasion d'une émission "spéciale drag queen". Et après quelques politesses d'usage, Texia ne fit pas la fine bouche concernant mes anciens collègues, présents eux aussi dans la loge. Déjà parce qu'il était affecté par mon histoire mais aussi parce qu'ils avaient eu un accrochage sur Facebook. C'est donc dans cette ambiance très hostile que les festivités ont été lancé. Persuadé que j'allais être éliminé du concours, je n'avais même pas le trac. Des amis à moi étaient venus me soutenir pour l'occasion et j'avais plaisir à leur présenter "la fameuse Texia" et plaisanter ouvertement. Je pouvais sentir des regards noirs se tourner vers moi, et clairement ma présence n'était pas désirée. Je montais sur scène en seconde partie, en me concentrant sur Texia, assis au premier rang. Plus ou moins satisfait de ma prestation, je retournais au vestiaire me changer. C'est alors qu'on m'a poussé par terre et dit clairement : "on ne veut pas de toi ici, t'as pas compris !??". Témoin de la scène, Olivier, un ancien des Diveens, est intervenu pour nous séparer. Je me relevais, j'étais abasourdi. Je n'avais pas le temps de réfléchir à ce qu'il venait de se passer qu'on était appelé pour les résultats du concours. On apprenait que Chouchou était éliminé. Je restais donc la course, je n'y comprenais plus rien. Texia apprit ce qu'il m'était arrivé au vestiaire, et d'une façon très théâtrale, brisa sa coupe de champagne sur le sol et voulu quitter le bar. Et alors que nous nous dirigions vers la sortie, je réalisais qu'une page s'était tournée. J'espérais que les choses pourraient s'arranger et qu'il ne s'agissait que d'un malentendu, mais c'était fini.
Les jours d'après, les mots des "parisiennes" résonnaient dans ma tête "tu ne dois pas abandonner !". Et puis merde, après tout je n'avais rien fait de mal ! Alors je suis revenu, à la troisième édition du concours. J'ai été éliminé ce soir là, mais grandi par mon audace et ma témérité. Avec le recul, j'éprouve une certaine nostalgie de cette époque. Pas pour les prises de bec bien évidemment, mais c'est une expérience qui, comme je l'ai dis, m'a fait grandir, humainement parlant. Je ne leur en tiens même pas rigueur, à tel point que récemment, Micky et moi étions ravis de retourner voir un spectacle de Rebecca et Olivier. Je reste sur un gros malentendu, qui a viré au mélodrame et très franchement, je préfère en rire...
"... nul ne m'arrêtera ! "
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